Dieu Google est grand et quand il veut quelque chose il se donne les moyens de l’obtenir. Après, c’est vrai que quand on a un chiffre d’affaire de 5 milliards d’euros et des brouettes (3ème trimestre 2010), on peut se permettre de tenter des fiascos notoires de type wave et autres.
Stratégie Google: le social, avenir du search ?
Google n’a cessé depuis sa prise de conscience tardive de l’essor foudroyant des média sociaux de tenter de rattraper son retard. En effet, depuis 2003 et la croissance exponentielle d’un certain concurrent bleu, Big G n’en est plus à sa première tentative pour revenir sur les traces de Facebook…
Avec les aveux récents d’Eric Schmidt (ancien président de Google) sur la prise de conscience tardive de l’importance du social, puis les menaces de suppression de primes des employés s’ils n’arrivent pas à rendre la firme plus sociale, sans oublier le discours des dirigeants conseillant les SEO d’utiliser le plus possible les leviers sociaux (voir vidéo ci dessous datant de mars 2011 ), le doute n’est plus possible, Google vend et vit cette idéologie du social et est en train de l’intégrer à son moteur.
Rappelons le but premier du moteur : « Donner le résultat le plus pertinent aux utilisateurs ».
Ainsi, avec la montée du social et du user generated content, la création de contenu et donc la prise de parole s’est démocratisée. Les boutons de partage permettent de valoriser un contenu de manière humaine et personnelle pour une personne unique. Ainsi cela permet de dresser l’univers social d’une personne : le social graph selon Facebook et son utilisation concrète: la recherche personnalisée selon Google avec le +1 .
Cette idéologie estimant qu’un contenu valorisé par un ami aura plus de valeur que le contenu d’un moteur faisant appel à un algorithme robotisé (donc sans apport humain) s’inspire fortement de Facebook en cherchant à rendre le web plus social, plus humain.
Toutefois, « Est ce que mes amis vont forcément pousser un contenu intéressant ? Est ce que de savoir que Francis Loulou mon pote de maternelle est fan des biscuits granolou, ça m’intéresse ? Est ce que ce qui fait la force du search, ce n’est pas justement cette recherche dépersonnalisée qui fait que je cherche une réponse introuvable au sein de mes amis… C’était justement le sujet de notre article invité du mois précédent : Et si la recherche sociale était une vaste blague ? Toutefois, on peut répondre rapidement par un « Rien ne t’empêche de rester déconnecter lorsque tu cherches quelque chose … »
Enfin bref cela n’est pas le sujet du jour et revenons à nos moutons avec la stratégie de monseigneur G. Courant 2009, le social existe aussi mais je ne sais pas si Matt Cutts sort d’un lendemain de cuite mais lorsque le sujet est abordé les réponses restent assez évasives… A cette époque, Google fait grise mine sur le sujet et ce n’est pas un orkut, wave ou buzz qui vont pouvoir titiller le géant du social qu’est devenu Facebook. Selon la vidéo, le social semble être pris en compte… mais le problème c’est qu’à l’époque, il se base sur les produits et services de concurrents…
Ainsi, Google prend le sujet à bras le corps et planifie ce que Machiavel lui même pourrait qualifier de chef d’œuvre : « son accès à la denrée sociale » mais aussi dans sa grande mansuétude « donner la possibilité aux milliards d’internautes de pouvoir bosser gratuitement pour lui »…
Stratégie Google: Rappel des mé-faits
Personnellement, j’ai suivi l’affaire de près et j’ai été plus qu’impressionné par le machiavélisme de la démarche. L’affaire a commencé à faire du bruit avec un petit Teasing sur un réseau social de Google intitulé « Circles » en mars 2011, et qui est en fait le projet d’un certain Paul Adams parti depuis à la concurrence unique (Facebook). Il dira d’ailleurs à ce sujet une phrase qui me fait bien marrer : « assister à la sortie de Google + c’est un peu comme croiser une ex dans la rue… »
Le grand public ne parle que très peu de ce réseau et le teasing reste confiné à l’univers du web. Quelques temps après un certain bouton nommé Google +1 fait son apparition mondiale (au début du mois de Juin 2011) et était donné avant en exclusivité à des sites triés sur le volet (les gros acteurs du web pour qu’ils l’intègrent dès le début). Si les gros moutons l’intègrent le reste du web suivra.
Pour appuyer son intégration, on vit et on vend l’idéologie du social à travers sa communication (la première vidéo de Matt Cutts en est un exemple Mars 2011), mais surtout on menace et on fait peur avec le filtre Panda censé s’attaquer aux contenus pauvres et on donne le remède imparable pour éviter le coup de Bambou : le bouton +1 donné en exclusivité aux gros poissons du web dans un premier temps.
Oui je sais, j’avais déjà mis cette image dans un autre article, mais j’aime bien.
Alors au début, le +1 semble intégré sans broncher mais son utilisation reste mitigée car on tweet un contenu pour son profil twitter et ses amis geeks et on like un contenu pour ses amis facebook… Ainsi on valorise un contenu auprès de ses cercles sociaux. Par contre, lorsqu’on plus1 un contenu cela permet de … voir même de … enfin voila c’est bien ça le problème, ça n’a aucun intérêt mais bon si Google nous dit que c’est plus sain pour nous on l’intègre.
A cette époque, je pressentais le +1 comme un beau fiasco dans la lignée des waves et orkut, mais là Google+ arrive et tout devient limpide:
Un petit teasing classique de 3 jours, on ouvre uniquement à l’élite du monde dans un premier temps pour faire tester et affiner au grand public alors que la machine est déjà rodée depuis plusieurs mois et que tout fonctionne de manière optimale.
Une orchestration temps réel de main de maître, avec pour exemple concret : la fin du contrat de partenariat entre Twitter et Google à quelque semaines d’intervalle avec le lancement de Google + qui permettait à Google d’indexer les tweets dans son moteur grâce à l’interface Jazz et son bouton intitulé « Temps réel ».
Ce n’est que mon humble avis, mais je pense que cela a surtout permis à monsieur G de phagocyter la denrée sociale de Twitter en vue de calquer le modèle pour Google+. En effet, cela fait plus de 2 ans que Twitter influence les SERP, avec ce principe mis en évidence par SEOmoz et dont je m’étais aperçu avec nos articles : « plus un article est relayé par l’internaute plus il va truster rapidement les premières positions sur le moteur » : (Source : Présentation sur l’évolution des critères de classement Google par SEOmoz et un dossier du Journal du Net pour lequel j’ai été sollicité : Les réseaux sociaux : un levier du référencement naturel).
Ainsi, dès l’implantation de G+, on a pu voir que le modèle précédemment calqué sur Twitter: « plus un article est relayé humainement, plus il est valorisé dans les SERP est maintenant adapté au +1 avec une valorisation qui semble plus forte pour les articles qui sont +1 plutôt que ceux qui sont « tweeter » ou « liker » (article de SEOMOZ sur l’influence de G+). Selon cet article, l’idée semblerait que Google veut utiliser G+ pour recréer la partie « en temps réel », mais pour l’instant cela ne semble pas être efficient.
Ce n’est pas vraiment un scoop, cela revient à s’étonner que Google Map se positionne très bien sur des requêtes de lieux, ou encore l’extrême bon positionnement de Google Shopping sur des requêtes de produits et dernièrement les profils G+ qui trustent les requêtes de nom + prénom de manière encore assez approximative.
C’est bizarre, que des produits d’un certain Google.
A l’arrivée, quand on regarde les sites UK qui trinquent du panda, on remarque que les comparateurs de prix semblent visés au profit d’un certain produit : Google shopping.
Et c’est déjà le cas en France, avec des études qui confirment que Panda est bel est bien passé :
Brioude Internet, Première Position, Yooda
Mais bon si Google (tweet d’actu abondance du 30 Juin) dit que Panda n’est pas là, ça doit être le cas il n’oserait pas mentir, il ne ferait miroiter un climat de panda crainte pour qu’on intègre un peu plus le plus1 dans ce beau pays qu’est la France et où le search Google comprend plus de 90% de la recherche.
Enfin bref, revenons au plus1 et à Google+ :
Stratégie Google: Une Intégration de main de maître
Je pense que c’est assez indéniable, avec 18 millions de comptes Google + ouverts et de même pour le bouton +1, l’intégration sociale de Google est un franc succès. Après, faire adhérer un produit quand on s’appelle Google est relativement simple (on l’a vu pour le wave et ses autres nombreux échecs).
Après, réussir sa diffusion et son intégration est une chose, mais faire accepter son utilisation en est une autre…
Le concept est bon :
Le concept des cercles est bien plus adapté que la notion d’amis sur Facebook, les cercles en HTML 5 font des animations qui déboitent, le Hangout est une très bonne idée, le moteur de recherche d’articles est très intéressant.
Oui mais bon, contrairement à un Diaspora où on va y aller pour le concept de la vie privée, on sait pertinemment que sur Google ce sera la même que sur Facebook.
Résultat, j’ai l’impression qu’un nouvel acteur se rajoute, mais qu’il n’apporte aucune valeur concrète supplémentaire.
A la question: Est ce que tu vas quitter Facebook pour Google+ , je réponds non parce que j’ai déjà Twitter et Facebook et qu’à part faire exactement pareil que sur Twitter ou discuter avec mes 5 potes geeks qui ont leur compte Google+, je ne vois pas l’intérêt…
On en est qu’au début et il est clairement impossible d’avoir un avis tranché sur le futur de Google +, je voulais juste profiter de cet article pour donner mon avis de passionné sur la stratégie d’intégration brillante dont à fait preuve Google pour se donner les moyens de réussir dans le social…
Après est ce que ce sera suffisant pour délaisser Facebook ? Seul l’avenir nous le dira…
Affaire à suivre…
Laisser un commentaire